La ville éternelle
Vous prenez le train depuis l'aéroport international d'Osaka KIX ou bien par l'une des nombreuses villes-stations d'Osaka, comme Shinimamiya ou Nanba.
Bercé dans une douce torpeur de sérénité qui enveloppe chaque voyage en train au Japon. Le calme, la sécurité, le confort de l'air climatisé l'été ou des radiateurs sous les sièges l'hiver, le wagon qui ballote tranquillement, avec précision, sans retard, sans avance, juste.
Et le speaker vous annonce "Sakai, Sakai".
Enfin, vous y êtes, la ville du début, celle qui comptait avant l'arrivée du bouddhisme bien avant Nara ou Kyoto. Celle qui abrite les plus grandes tombes du monde, des plus vieux ateliers d'encens de l'archipel, le berceau de la cérémonie du thé et entre autres bien sûr, celle qui est connue comme la capitale de la coutellerie artisanale et traditionnelle de l'archipel.
Avenue des fresques en sortant de la gare |
Mais cette ville immense de plus de 840 000 habitants a eu une histoire mouvementée.
Tantôt, capitale des empereurs défunts, phare des échanges avec l'Asie et le monde, ville indépendante aux puissants marchands, rasée, brulée par les guerres de clan, reconstruites, magnifiée, invincible gardienne des arts traditionnels du pays elle ne résistera pas aux bombardements américains qui la rasèrent presque intégralement. Comme beaucoup d'autres villes, elle s'est relevée dans le neuf.
Sakai telle un Phénix renaît de ses cendres après les bombardements américains |
Si son cœur est traditionnel, son visage est marqué par ces profonds bouleversements. On y voit des bâtiments construits à la hâte après la seconde guerre mondiale qui rouillent, s'écroulent. Des usines, beaucoup, qui martèlent le fer, car Sakai est un des centre métallurgique important du pays. Puis des temples, des sanctuaires, des parcs et des jardins.
Gallerie couverte en face de la mairie, décorée d'un navire, souvenir du 18ème siècle |
Sakai ce n'est pas une ville à touriste, c'est une vraie ville japonaise qui possède une histoire fabuleuse et un artisanat incroyable mais qui mise d'abord sur le Japon et non pas uniquement sur le visuel extérieur. C'est peut être pour cela que Sakai est aussi connu au Japon pour avoir été le berceau du féminisme japonais. Ici la ville est riche de ce qu'elle possède, pas de ce qu'elle montre.
Emplacement d'une des premières boutique de bière de la ville, seul l'enseigne est restée |
C'est aussi pourquoi les gens qui y vivent aiment bien montrer leurs réussite, leurs belles voitures, qu'on veut luxueuse, blanche, pour marquer une rupture avec cette ville qui fait tout pour être discrète.
Ville discrète et traditionnelle mais mairie imposante et moderne |
Tout cela est bien représenté par la première chose que l'on voit en sortant de la gare de Sakai.
Un monument de 18 mètres de haut pour 750 cm de large, en fer car c'est le matériel le plus symbolique de la ville, rouge, pour la puissance.
Pensé par l'artiste Mexicain Sebastian en 1994, il représente une cloche de bronze japonaise Dotaku, qui était très utilisés pour des prières pendant la période finale du Yayoi (-100 à 300), et dont on retrouve des traces autour des tombes d'empereurs, faisant le lien entre deux périodes extrêmement importantes de la fondation du pays.
Cloche Dotaku retrouvée sur le site d'un kofun de Habikino à l'Est de Sakai |
La cloche du Japon antique, les tombes d'empereurs, le port de Sakai et le présent.
La ville considérée comme en banlieue d'Osaka alors qu'on devrait plutôt dire l'inverse a été importante dans pratiquement toutes les périodes de l'Histoire du pays et c'est pour cela qu'elle porte aussi le nom de "la ville du Phénix".