Les "Sémi", chanteuses des jours dorés japonais



Tous les ans, du Nord au Sud du Japon, la meme musique. C'est le tube de l'été qui dure au entre 1 et 2 mois.

Et bien que la saison humide, le tsuyu, soit passée, bien que l'on transpire à chaude goutte sous un soleil de plomb, l'été n'a pas vraiment commencé tant que les chants des sémi n'a pas débuté. 

Un matin l'on se réveil, assis sur notre futon, on ne les voit pas mais elles sont là. C'est d'abord une rumeur qui nous chatouille les sens. On ne peut que sourire car l'été est enfin là. 

Puis le lendemain, la rumeur est devenu une vague sonore, incessante, puissante.

Les reines de l'été sont là et on les voit. 

Elles n'étaient pas inactives, elles se préparaient à ce récital, enfouies plusieurs années dans la terre, dans un trou qu'elles avaient creusés alors qu'elles n'étaient pas plus grande qu'un grain de riz. Elles n'étaient pas seules d'ailleurs avant de s'enterrer. Leurs soeurs aussi se sont laissées tomber au sol, mais beaucoup furent dévorés, écrasés ou simplement trop faibles pour creuser.

Pendant tout ce temps, la terre et les racines leurs fournirent l'énérgie suffisante pour grandir, grossir, se transformer.

Une nuit, alors qu'elles sentent le moment venu et les conditions réunies, elles sortent de leurs caches et commencent à prendre de la hauteur en grimpant à tout type de support qu'elles trouvent. Puis, la lente mue commence.

Cigale après la mue finale

Une fois leurs forces reprises et les premiers rayons du soleil jailliassants, les "sémi" prennent encore de la hauteur, à l'abris du feuillage des arbres, et chantent.

Les cigales sont connus dans le Sud de la France, mais au Japon celles-ci sont un symbole fort de la nature qui rythme la vie de l'archipel et de ses habitants.

Il en existe une trentaine d'espèces ici, qui selon les régions, selon les conditions climatiques ou les heures de la journées nous enchantent de leurs oeuvres amoureuses.

La cigale est paisible, mais ce n'est pas le cas de sa vie. Sa seule défense est son camouflage qui ne sert à rien tant qu'elle chante.

De sa naissance à son ascension, elle sera une proie facile des plus petits insectes comme des plus grands animaux.

Au début de l'été, les exuvies, carapaces vides laissés accrochés par ci par là lors de leurs mues hantent les parcs. 

Puis après quelques jours de concerts, on les retrouve retournées sur le dos, suffocantes et agonisantes. Encore plus fragiles que tout, elles qui nous ont accompagnés pendant des jours ensoleillés, se retrouvent pitoyables, misérables. La mort abat sa faux sur nos chanteuses qui auront eu le temps de s'accoupler pour pépétuer le cycle de la vie. 

Cigale qui se débat dans ses derniers instants


Des années dans l'ombre, quelques semaines à la lumière, et une fin brutale.

Laissons les chanter, bercer nos étés. Et quand ces reines vacillent, la moindre des choses est de les accompagner à notre tour dans ce terrible moment.

Va cigale, toi qui m'a apporté l'été, merci pour ton chant, j'écouterai celui de tes descendants. 

Celle-ci finira sa vie sans craindre d'etre attaquer, sur mon balcon.






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