Baiedo, la plus vieille marque d'encens du Japon 梅栄堂


Encens en Asie
Encens en Asie


Un voyage en Asie c'est aussi s'habituer à traverser des nuages de fumée parfumées dans les temples et autres lieux de prières. De la Chine à Hong-Kong ou Taiwan, en Indonésie, Thailande ou Malaisie et d'autres encore, les encens utilisés dans les lieux publics sont souvent des encens de couleurs vives, jaune en général mais aussi rose, orange, vert... peu chers et massivement brulés un peu partout ils contiennent souvent des colorants artificiels et des substances chimiques qui viendront vous gratter la gorge, vous étourdir, et décolorer les murs ou le plafond où ils sont utilisés.

Encens colorés
Encens colorés


Mais au Japon, les voyageurs habitués à ces nuages irritants et lourds se sentiront soudainement apaisés et léger. Les encens japonais utilisés dans les temples et que l'on peut experimenter un peu partout sont naturels et fins. C'est qu'on ne plaisante pas non plus avec la fabrication artisanale de ces compagnons du quotidien. L'utilisation qui devient peu à peu récréative, reste tout de meme cantonné à un role spirituel. Soit donc pour accompagner les prières dans les temples ou devant l'incontournable Butsudan, ce meuble bouddhiste que l'on retrouve dans la plupart des maisons et où l'on honnore des membres de la famille disparus.

Butsudan, autel de prière


L'encens, arrivé avec le bouddhisme autour du 5ème siècle, était réservé à la seule utilisation religieuse mais avec les siècles est devenu un amusement olfactif utilisé par la bourgeoisie japonaise en poudre de parfum. Les guerriers dès le 12ème siècle en disposaient dans leurs casques et armures pour se protéger du mal.

Encens des 3 grands shoguns par Baiedo


D'ailleurs l'encens, utilisé en medecine traditionnelle a commencé sa démocratisation via des apothicaire comme le petit établissement Jinkoya Sakubei au 14ème siècle.



Cet atelier de Sakai, situé sur l'interminable avenue principale de la ville et son tramway mais qui reliait jadis le chateau d'Osaka à celui de Kishiwada en passant par le sanctuaire shinto Sumiyoshi Taisha et pour poursuivre jusqu'aux monts bouddhistes Koya et Inunaki s'est consacré uniquement à l'encens en 1657 sous le nom de Nakata Baiedo. 

Nakata étant le nom de la famille propriétaire jusqu'à aujourd'hui 17ème génération. Baiedo faisant référence à la fleur de prunier, non pas utilisé pour l'encens, mais appréciée pour sa beauté au meme titre que les fleurs de cerisiers. De plus, en Chine le prunier, considéré comme l'arbre de la paix, a toujours été associé à l'encens qui apaise.

Pruniers en fleurs

Jusqu'au 17ème siècle, les terres artificielles de la cote de Sakai n'existaient pas et la mer n'était qu'à quelques minutes de l'atelier Baiedo qui pouvait ainsi importer les matières premières d'Asie et les exporter dans tout le pays via le port de Sakai, l'un des plus importants du pays à l'époque. De plus, comme mentionné plus haut, l'avenue principale aux portes de l'atelier permettait de fournir les places les plus importantes du pays. Sans oublier Nara via la route perpendiculaire qui reliait le port en passant par Baido. Si aujourd'hui il est difficile de s'en rendre compte, le fabricant d'encens avait choisis le meilleur emplacement possible pour sa logistique.

Carte du 16ème siècle, la baie d'Osaka léchait le centre actuel de Sakai


Ci-dessous 3 cartes représentant le role centrale de Sakai, véritable plateforme commerciale, religieuse et politique à l'interieur du pays via sa situation géographique et avec l'étranger grâce à son port.

Osaka-Nord de Sakai

Sakai-route Est vers Nara / Nord vers Osaka / Sud vers chateaux et temples

Les liaisons Sud d'Osaka et ses puissantes places

Aujourd'hui, en plus de fournir l'ensemble des temples Shingon (plus importantes écoles bouddhistes du Japon, dont le mont Koya), Baiedo s'est exporté dans le monde entier et sur tous les continents.

Et voici encore une histoire qui confirme l'adage japonais "mono no hajimari, nandemo Sakai", Tout commence à Sakai.





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